Sarthe. Contrôleur SNCF , il raconte son quotidien difficile
21.11.2019 Benjamin NOLIERE
Passagers qui voyagent sans titre de transport, agressions verbales, parfois physiques, solitude dans des rames bondées… Francis (1), contrôleur sarthois dans les TER Pays de la Loire, témoigne pour « Le Maine Libre ».
Lundi 11 novembre dernier, face aux menaces de mort proférées par un voyageur qui avait les pieds sur un siège, deux contrôleurs SNCF avaient dû se réfugier dans un local technique du TGV Paris Rennes.
L’agresseur, 18 ans, avait été interpellé par la police en gare
du Mans où le train, qui ne devait pas s’arrêter, avait été stoppé.
Ce fait est-il symptomatique du quotidien des contrôleurs SNCF en 2019 ? Les difficultés avec les passagers sont-elles de plus en plus nombreuses ?
Nous avons demandé à Francis (1), un Sarthois en poste dans les TER Pays de la Loire, de témoigner.
« J’ai été agressé trois fois. Un jour, un jeune homme agressif voulait casser la tête à mon collègue ! J’ai fait rempart avec ma valise. Heureusement car la police a trouvé un couteau sur lui quand il a été interpellé à sa descente à Nantes. Mais après, on m’a dit : pourquoi vous ne vous êtes pas enfermé dans la cabine ? »
« La SNCF préconise, en cas de situation tendue, le « lâcher prise ». Il faut essayer d’apaiser, ne pas envenimer la situation. Sur notre téléphone, il y a un bouton sûreté, qui nous met en contact direct avec le PC de la Sûreté ferroviaire à Paris. Quand tu te fais insulter, tu es obligé d’être commercial, puis tu t’éloignes et tu appelles discrètement la police via le PC sûreté de Rennes. »
« On croise beaucoup de gens comme cette jeune femme qui sortait du McDo et mangeait dans le train. J’ai contrôlé son titre de transport, elle n’avait pas de billet. Elle m’a dit : « Je ne paie pas le train ». Alors qu’elle venait de s’acheter à manger à McDo ! »
« C’est très compliqué au quotidien pour nous. La population qui pose problème est de plus en plus jeune. Les lignes Le Mans Laval et Le Mans Alençon sont les plus compliquées. Récemment, trois mineurs de 14 ou 15 ans voyageaient sans billet, sans papier d’identité non plus d’ailleurs. Ils n’en ont rien à faire car ils savent qu’ils ne risquent pas grand-chose… Les parents non plus n’en ont rien à faire, même si la police est appelée ! »
« Le Français a besoin d’être chouchouté, encadré. Sur les bornes automatiques, les gens sont largués et s’agacent, surtout les personnes âgées. Car certaines n’ont pas de carte bancaire, pas de téléphone portable. »
« Parfois, les rames sont tellement remplies qu’on passe un temps fou à contrôler. Dans le train Le Mans Nantes, parfois je n’ai pas fini quand on arrive à Sillé-le-Guillaume. J’essaie de faire mon travail comme je peux. »
« À deux contrôleurs, c’est plus sécurisant. Quand ils n’ont pas de billet, soit les gens montent dans les tours, soit ils s’en moquent. S’ils n’ont pas d’argent pour payer, le PV est adressé chez eux. »
« En Pays de la Loire, il y a des TER sans contrôleur. Dans le train Angers Tours, je suis descendu à Saumur, ensuite mon collègue mécano était seul jusqu’à Tours. »
(1) Prénom d’emprunt
21.11.2019 Benjamin NOLIERE
Passagers qui voyagent sans titre de transport, agressions verbales, parfois physiques, solitude dans des rames bondées… Francis (1), contrôleur sarthois dans les TER Pays de la Loire, témoigne pour « Le Maine Libre ».
Lundi 11 novembre dernier, face aux menaces de mort proférées par un voyageur qui avait les pieds sur un siège, deux contrôleurs SNCF avaient dû se réfugier dans un local technique du TGV Paris Rennes.
L’agresseur, 18 ans, avait été interpellé par la police en gare
du Mans où le train, qui ne devait pas s’arrêter, avait été stoppé.
Ce fait est-il symptomatique du quotidien des contrôleurs SNCF en 2019 ? Les difficultés avec les passagers sont-elles de plus en plus nombreuses ?
Nous avons demandé à Francis (1), un Sarthois en poste dans les TER Pays de la Loire, de témoigner.
[size=39]Des conflits et agressions[/size]
« Aujourd’hui, ça part en vrille pour des broutilles. Le « pied chaussé sur les banquettes » est considéré comme une souillure et donc interdit, passible d’une amende de 135 €. Dans ces cas-là, je demande juste le titre de transport et si le voyageur n’en a pas, je le verbalise pour ça. »« J’ai été agressé trois fois. Un jour, un jeune homme agressif voulait casser la tête à mon collègue ! J’ai fait rempart avec ma valise. Heureusement car la police a trouvé un couteau sur lui quand il a été interpellé à sa descente à Nantes. Mais après, on m’a dit : pourquoi vous ne vous êtes pas enfermé dans la cabine ? »
« La SNCF préconise, en cas de situation tendue, le « lâcher prise ». Il faut essayer d’apaiser, ne pas envenimer la situation. Sur notre téléphone, il y a un bouton sûreté, qui nous met en contact direct avec le PC de la Sûreté ferroviaire à Paris. Quand tu te fais insulter, tu es obligé d’être commercial, puis tu t’éloignes et tu appelles discrètement la police via le PC sûreté de Rennes. »
[size=39]Ces jeunes qui voyagent sans payer[/size]
« On est dans une société où, pour certains voyageurs, le billet de train est une option, n’est pas obligatoire. Ils considèrent que c’est gratuit, c’est devenu une habitude de ne pas payer. »« On croise beaucoup de gens comme cette jeune femme qui sortait du McDo et mangeait dans le train. J’ai contrôlé son titre de transport, elle n’avait pas de billet. Elle m’a dit : « Je ne paie pas le train ». Alors qu’elle venait de s’acheter à manger à McDo ! »
« C’est très compliqué au quotidien pour nous. La population qui pose problème est de plus en plus jeune. Les lignes Le Mans Laval et Le Mans Alençon sont les plus compliquées. Récemment, trois mineurs de 14 ou 15 ans voyageaient sans billet, sans papier d’identité non plus d’ailleurs. Ils n’en ont rien à faire car ils savent qu’ils ne risquent pas grand-chose… Les parents non plus n’en ont rien à faire, même si la police est appelée ! »
[size=39]Le ras-le-bol des clients[/size]
« Tout le monde en a ras le bol, nous comme les clients. C’est un tout. La région Pays de la Loire a mis en place une tarification complexe, c’est donc à nous de faire le tampon pour expliquer au client, mais il ne comprend pas. Il ne comprend pas non plus pourquoi il n’y a plus de guichet dans certaines gares. »« Le Français a besoin d’être chouchouté, encadré. Sur les bornes automatiques, les gens sont largués et s’agacent, surtout les personnes âgées. Car certaines n’ont pas de carte bancaire, pas de téléphone portable. »
[size=39]La solitude du contrôleur[/size]
« Récemment, un vendredi, j’étais tout seul dans deux rames sur la ligne Angers Cholet. Le train était bondé, je ne me suis pas senti pas en sécurité quand j’ai vu la population à l’intérieur, alors j’ai juste fait ma ronde sans contrôler les voyageurs. Je ne voulais pas me prendre la tête avec eux. »« Parfois, les rames sont tellement remplies qu’on passe un temps fou à contrôler. Dans le train Le Mans Nantes, parfois je n’ai pas fini quand on arrive à Sillé-le-Guillaume. J’essaie de faire mon travail comme je peux. »
« À deux contrôleurs, c’est plus sécurisant. Quand ils n’ont pas de billet, soit les gens montent dans les tours, soit ils s’en moquent. S’ils n’ont pas d’argent pour payer, le PV est adressé chez eux. »
« En Pays de la Loire, il y a des TER sans contrôleur. Dans le train Angers Tours, je suis descendu à Saumur, ensuite mon collègue mécano était seul jusqu’à Tours. »
(1) Prénom d’emprunt
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