Présidentielle : des candidats pas vraiment transportés
La question des transports et des infrastructures va-t-elle finir par émerger dans la campagne ? A deux mois du premier tour, rien n'est moins sûr. Ce qui ne signifie pas que les états-majors ne cogitent pas, mais ils sont loins d'être tous au même niveau de préparation. En tout cas à droite, la suppression du VT est enterrée…
21 février 2017 | mis à jour le 22 février 2017 | par Marc Fressoz
Les candidats à l'Élysée parleront-ils des transports aux électeurs avant le 23 avril, jour du premier tour ? CC-BY SA/ Marie-Laure Nguyen (Fillon)
"Les transports sont un sujet majeur qui ont de nombreuses implications sur la vie quotidienne et touchent à l’égalité des cityens et pourtant ils ne constituent pas un thème de campagne, car ils apparaissent à tort comme un sujet technique". En décembre 2016, ce constat désolait déjà Alain Vidalies, qui en devenant un peu par hasard secrétaire d'État aux Transports en août 2014, s'est passionné pour un secteur qu'il n'imaginait pas aussi riche.
Depuis, rien n'a fondamentalement évolué sur le sujet. "A gauche, le candidat PS Benoît Hamon est occupé à tenter de trouver un arrangement avec le candidat écologiste après avec échoué à en trouver un avec Jean-Luc Melenchon ; à droite, François Fillon, pris dans les affaires, peine aussi à faire campagne sur le fond", analyse aujourd'hui l'entourage d'Alain Vidalies.
Que pensent les candidats d'Uber et de son rapport avec les chauffeurs ? Comment vont-ils s'y prendre pour réduire le déficit de financement de 800 millions d'euros de l'AFITF ? Faut-il augmenter le prix des billets de transport ? Mettront-ils en œuvre l'accord conclu entre l'État et Régions de France pour expérimenter la concurrence dans le TER vers 2019 ? Faut-il continuer de privatiser ou nationaliser ? Comment limiter le dumping social dans le transport routier de marchandises etc. ? Le silence des candidats est assez assourdissant.
"Les transports n'intéressent pas vraiment", déplore également à droite le sénateur LR Louis Nègre qui, on le sait, joue les hommes orchestre en cumulant les fonctions de président du Gart, de président de la Fédération des industries ferroviaire (FIF) et de coprésident du think tank TDIE. Comme à chaque présidentielle ou scrutin majeur, l'association, dont le député PS Philippe Duron est l'autre coprésident, va d’ailleurs jouer les aiguillons.
En effet, TDIE présentera, le 23 février 2017, le questionnaire qu'il adressera aux écuries des candidats à la présidentielle. L'objectif ? Connaître leur positionnement sur la question des infrastructures (faut-il développer ou entretenir, où trouver le financement etc.), sur la gestion des services ferroviaires, sur le peaufinage de la décentralisation des services de mobilités etc.
TDIE sondera ainsi Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon, Marine Le Pen et sans doute Nicolas Dupont-Aignan. L'association enverra aussi son questionnaire “à Philippe Poutou et pourquoi pas Jacques Cheminade s’ils obtiennent les 500 signatures".
En tout cas, l'absence de la thématique dans les débats de la campagne n'est pas synonyme d'absence de réflexions et de propositions programmatiques. Mais dans cette campagne atypique où le président sortant François Hollande a renoncé à se représenter, tous n'affichent pas le même degré de préparation.
Des infléchissement dans le camp Fillon
Le camp de François Fillon, qui réunit LR et l'UDI, est peut-être celui où les réflexions internes ont le plus maturé. D’ailleurs, s'il n'y a pas eu de débat ouvert, il y a eu un intense débat interne entre différents poids lourds (Louis Nègre, Dominique Bussereau, Gilles Carrez, Bertrand Pancher, Serge Grouard etc.) pour infléchir certaines orientations initiales de l'ex-candidat de la primaire de la droite et du centre.
Ainsi, dans le programme final en matière de transport et d'infrastructures qui est en cours de validation, “il ne sera plus question de supprimer ou de réduire drastiquement le versement transport (VT)“, indique un membre de son équipe.
Très influencé par le Medef dont la doctrine fiscale prône un allégement de toutes les formes de fiscalités pesant sur les entreprises, François Fillon envisageait au départ de réduire ou de supprimer le VT. Mais l’émoi des opérateurs (représentés par l'UTP) et celui des autorités organisatrices (Gart) ont trouvé d’efficaces relais via notamment Louis Nègre, preuve que les réformes seront difficiles à mettre en œuvre. Le spécialiste de la fiscalité Gilles Carrez s’est, par exemple, publiquement prononcé contre cette mesure fin 2016.
Par ailleurs, le candidat de la droite et du centre, qui prône l’ouverture à la concurrence du rail, devrait articuler son programme sur deux niveaux concernant les infrastructures. D’un côté les sujet nationaux du ressort de l’État ; de l’autre, les sujets du ressort des agglomérations ou des Régions. Pour le financement de l’AFITF, l’équipe du candidat Fillon aurait ainsi fait son deuil d’un retour d’une taxe poids lourd nationale tant le sujet est sensible. Rien ne semble pouvoir repousser sur cette terre brûlée.
Le candidat LR prônerait, à la place, une solution fondée sur les possibilités ouvertes par la directive Eurovignette, qui autorise des surhausses de péages autoroutiers. Plus largement, le candidat miserait sur une écofiscalité accrue. Au niveau local, une plus grande autonomie fiscale serait donnée aux collectivités, et le programme envisagerait de remettre sur la table la possibilité du péage urbain.
Marine Le Pen veut nationaliser les autoroutes
Dans le programme de Marine Le Pen, la question des transports est loin de figurer dans le champ des préoccupations directes. On sait que la candidate et son parti sont opposés à la libéralisation du rail et qu’ils souhaitent supprimer les Régions, ce qui entraînerait un chambardement généralisé en matière de transport (TER, lignes d’autocars etc.).
Parmi ses 144 propositions, on relève cependant deux ou trois propositions directes sur les transports. L'une conservatoire affirme que “La Poste et la SNCF resteront des entreprises publiques“. Concernant les infrastructures, la candidate d'extrême droite et son parti promettent de "renationaliser les sociétés d'autoroutes pour rendre aux Français un patrimoine qu’ils ont financé et dont ils ont été spoliés". Troisième engagement, la promesse de soutenir “une filière française de l’hydrogène“ pour réduire la dépendance au pétrole.
Bientôt un programme pour Macron
Quant au candidat du mouvement En Marche ! Emmanuel Macron, il est loin d'avoir élaboré des propositions précises.
Sur une ligne libérale, le champion des autocaristes, qui a donné son nom à la loi ouvrant les lignes intérieures à la concurrence, doit dévoiler son programme début mars. En attendant, il a égrainé quelques propositions qui recyclent celles prises sous les quinquennats de Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Emmanuel Macron promet ainsi d’accélérer "le déploiement des véhicules électriques en maintenant le bonus-malus à l’achat et en accélérant le déploiement des bornes de recharge". Il prévoit une prime de "1000 euros pour permettre à tous ceux dont les véhicules ont été fabriqués avant 2001 d’acheter des voitures plus écologiques, qu’elles soient neuves ou d’occasion. Le candidat voit loin, pour "qu’en 2040 plus aucun véhicule thermique ne soit vendu".
Gilles Savary pas En Marche mais en marge
A gauche, la position du candidat du PS, Benoît Hamon est particulière. Il a été désigné à la primaire en faisant campagne à gauche en rupture avec le bilan du président et du gouvernement sortant et avec un infléchissement sur l‘écologie.
Son organigramme de campagne a été présenté récemment et son programme est loin d’être très élaboré en matière d’infrastructure et de transport d’autant qu’on peine à identifier qui porte ces sujets dans un parti assez divisé.
Seule certitude, l’un des grands spécialistes des transports, le député de Gironde Gilles Savary, qui soutenait Manuel Valls à la primaire du PS, n’a pas souhaité faire partie de l'équipe du candidat qui cogite sur les transports. "Je me suis mis en marge du parti, mais je prépare ma campagne aux législatives sous l’investiture PS", explique le député qui on le sait a un penchant pour la candidature d'Emmanuel Macron. "Mais je ne suis pas adhérent d’En marche ! car je ne peux pas avoir la double étiquette et je ne conseille pas En Marche ! Je ne sais d’ailleurs pas qui les conseille sur les transports", affirme Gilles Savary qui pense par ailleurs que dans la prochaine législature, les majorités mouvantes se constitueront sur des projets.
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