Brest. Les trains sanitaires ne datent pas d'hier
20/04/2020
Des conflits du XIXe siècle au TGV du Coronavirus, les trains ont été utilisés depuis longtemps pour soulager les régions et acheminer malades et blessés vers les hôpitaux. Brest (Finistère) en a accueillis dès 1870, les malades étaient acheminés vers l’hôpital maritime.
Entretien avec François Olier, militaire retraité, historien spécialiste des questions sanitaires (1)
De quand datent les premiers trains sanitaires visibles à Brest ?
L’une des premières mentions de trains sanitaires vers Brest date de la guerre de 1870. Ces trains étaient plus des trains « improvisés » que véritablement « organisés ». Ils avaient de la paille par terre, des bancs pour les petits blessés et le confort était plus que sommaire. Les blessés étaient acheminés vers l’hôpital maritime grâce à la nouvelle voie ferrée Paris – Brest qui débouchait sur les rives de la Penfeld grâce à un tunnel creusé sous le château.
Quels ont été les progrès qui ont été réalisés ?
Dès 1874, on a commencé à réfléchir à une véritable organisation fiable en matière de transport sanitaire. De nombreuses études internationales ont été faites jusqu’en 1914 pour améliorer en particulier les dispositifs de suspension de brancards pour éviter les trépidations et les chocs. Il faut savoir qu’en 1880, un trajet Montparnasse – Brest durait 16 heures !
Quelle a été l’importance de ces trains sanitaires pendant la Première Guerre mondiale ?
Elle a été primordiale. Quand la mobilisation a sonné en 1914, la France possédait cinq trains sanitaires permanents et 115 autres improvisés appelés « semi-permanents ». Ces cinq trains permanents étaient de véritables hôpitaux roulants. Ils étaient composés de 23 wagons à intercommunication dont 16 pouvaient recevoir des blessés et 7 étaient destinés aux services généraux (cuisine, réfectoire, salle de pansements…) Les trains semi-permanents étaient nettement plus problématiques. Ils pouvaient transporter jusqu’à 396 blessés couchés, à raison de 12 blessés par voiture, mais n’avaient aucune connexion entre eux. Ce qui veut dire que les médecins du bord ne pouvaient visiter les blessés qu’aux étapes. Des milliers de blessés sont morts au cours du voyage, de gangrène ou de septicémie.
Où ces blessés étaient-ils acheminés quand ils arrivaient à Brest ?
Comme en 1871, les trains accédaient à l’hôpital maritime de Brest en passant sous le château. Les premiers convois de 1914 étaient attendus par des foules très denses qu’il fallait canaliser par un service d’ordre. Comme le train marchait lentement, les gens se pressaient aux fenêtres pour voir les blessés ou converser avec eux. On s’est rendu compte que c’était très anxiogène pour la population. Du coup, on a décidé de cacher ces blessés. Les trains arrivaient la nuit, attendus par une noria d’ambulanciers sur les quais. Entre 1914 et 1918, 166 trains sanitaires ont pris la direction de Brest.
Quels autres progrès ont été réalisés ?
Le progrès le plus significatif est l’arrivée des premières voitures « sanitarisables » dans les années 1920. Les banquettes et les cloisons pouvaient être démontées pour faire de la place et les accès et plateformes ont été élargis pour pouvoir entrer et manœuvrer avec les brancards. Cette nouvelle disposition permettait d’accueillir 30 blessés couchés par voiture, mais Brest n’en a accueilli aucun. La ville était déjà occupée par les Allemands et ses voies ferrés détruites.
Les trains sanitaires ont-ils eu d’autres fonctions que militaires ?
Oui, c’est le cas des « voitures ambulances » qui ont été mises en place pour les pèlerins de Lourdes. C’était des voitures Corail entièrement aménagées pour pouvoir transporter des malades lourdement handicapés. Tous ces wagons sont arrivés en fin de vie en 2014. Ils ont été réformés et non remplacés. Après les attentats, on a également expérimenté en 2019 la transformation d’un TGV duplex en train sanitaire. Le même concept qui prévaut aujourd’hui pour transporter les malades du Covid-19.
(1) François Olier est aussi spécialiste des hôpitaux militaires dans la guerre, auteur d’ouvrages et administrateur des Cahiers de l’Iroise .
20/04/2020
Des conflits du XIXe siècle au TGV du Coronavirus, les trains ont été utilisés depuis longtemps pour soulager les régions et acheminer malades et blessés vers les hôpitaux. Brest (Finistère) en a accueillis dès 1870, les malades étaient acheminés vers l’hôpital maritime.
Entretien avec François Olier, militaire retraité, historien spécialiste des questions sanitaires (1)
De quand datent les premiers trains sanitaires visibles à Brest ?
L’une des premières mentions de trains sanitaires vers Brest date de la guerre de 1870. Ces trains étaient plus des trains « improvisés » que véritablement « organisés ». Ils avaient de la paille par terre, des bancs pour les petits blessés et le confort était plus que sommaire. Les blessés étaient acheminés vers l’hôpital maritime grâce à la nouvelle voie ferrée Paris – Brest qui débouchait sur les rives de la Penfeld grâce à un tunnel creusé sous le château.
Quels ont été les progrès qui ont été réalisés ?
Dès 1874, on a commencé à réfléchir à une véritable organisation fiable en matière de transport sanitaire. De nombreuses études internationales ont été faites jusqu’en 1914 pour améliorer en particulier les dispositifs de suspension de brancards pour éviter les trépidations et les chocs. Il faut savoir qu’en 1880, un trajet Montparnasse – Brest durait 16 heures !
Quelle a été l’importance de ces trains sanitaires pendant la Première Guerre mondiale ?
Elle a été primordiale. Quand la mobilisation a sonné en 1914, la France possédait cinq trains sanitaires permanents et 115 autres improvisés appelés « semi-permanents ». Ces cinq trains permanents étaient de véritables hôpitaux roulants. Ils étaient composés de 23 wagons à intercommunication dont 16 pouvaient recevoir des blessés et 7 étaient destinés aux services généraux (cuisine, réfectoire, salle de pansements…) Les trains semi-permanents étaient nettement plus problématiques. Ils pouvaient transporter jusqu’à 396 blessés couchés, à raison de 12 blessés par voiture, mais n’avaient aucune connexion entre eux. Ce qui veut dire que les médecins du bord ne pouvaient visiter les blessés qu’aux étapes. Des milliers de blessés sont morts au cours du voyage, de gangrène ou de septicémie.
Où ces blessés étaient-ils acheminés quand ils arrivaient à Brest ?
Comme en 1871, les trains accédaient à l’hôpital maritime de Brest en passant sous le château. Les premiers convois de 1914 étaient attendus par des foules très denses qu’il fallait canaliser par un service d’ordre. Comme le train marchait lentement, les gens se pressaient aux fenêtres pour voir les blessés ou converser avec eux. On s’est rendu compte que c’était très anxiogène pour la population. Du coup, on a décidé de cacher ces blessés. Les trains arrivaient la nuit, attendus par une noria d’ambulanciers sur les quais. Entre 1914 et 1918, 166 trains sanitaires ont pris la direction de Brest.
Quels autres progrès ont été réalisés ?
Le progrès le plus significatif est l’arrivée des premières voitures « sanitarisables » dans les années 1920. Les banquettes et les cloisons pouvaient être démontées pour faire de la place et les accès et plateformes ont été élargis pour pouvoir entrer et manœuvrer avec les brancards. Cette nouvelle disposition permettait d’accueillir 30 blessés couchés par voiture, mais Brest n’en a accueilli aucun. La ville était déjà occupée par les Allemands et ses voies ferrés détruites.
Les trains sanitaires ont-ils eu d’autres fonctions que militaires ?
Oui, c’est le cas des « voitures ambulances » qui ont été mises en place pour les pèlerins de Lourdes. C’était des voitures Corail entièrement aménagées pour pouvoir transporter des malades lourdement handicapés. Tous ces wagons sont arrivés en fin de vie en 2014. Ils ont été réformés et non remplacés. Après les attentats, on a également expérimenté en 2019 la transformation d’un TGV duplex en train sanitaire. Le même concept qui prévaut aujourd’hui pour transporter les malades du Covid-19.
(1) François Olier est aussi spécialiste des hôpitaux militaires dans la guerre, auteur d’ouvrages et administrateur des Cahiers de l’Iroise .
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