Transports. Nantes-Bordeaux : voies fatiguées, locos épuisées

Transports. Nantes-Bordeaux : voies fatiguées, locos épuisées
Pays de la Loire  - 04h00 -07.04.2015

• Samuel Herbreteau, membre de l’Association pour la promotion de la ligne Nantes-La Rochelle-Bordeaux, devant l’un des trains essoufflés qui sera peut-être remplacé en 2017… | Thierry Ballu
  
• Le tracé concerné par les travaux. Ils n'interviendraient pas avant 2017. | OF - Autogénéré
  

4 h 40 au lieu de 4 h. Fin 2015, les trains vont jouer les tortillards sur les 102 km entre La Roche-sur-Yon et La Rochelle. Question de sécurité.

DEJA DES PREMICES REVELATEURS....
A bord du train Bordeaux-Nantes
SOURCE

Les fréquents retards de la ligne ferroviaire Bordeaux-Nantes agacent une partie des usagers. "Sud Ouest" est allé à leur rencontre entre La Rochelle et La Roche-sur-Yon

Entre le coût, les retards répétés et les horaires parfois farfelus, la plupart des voyageurs du Bordeaux-Nantes aimeraient de nettes améliorations Photo
photo E. L.








"Dix minutes de retard, ce n'est rien !", lâche Luce, pimpante septuagénaire, lors de sa descente du train à La Rochelle. Il est 11 h 10 passées. Cette Luçonnaise, qui devait arriver à 10 h 59, se rend au moins une fois par semaine dans la cité maritime pour y effectuer des courses. "Je trouve cette ligne très pratique, mais il y a trop souvent des retards. Quand ça dépasse quatre-vingt-dix minutes, ça ne me sert plus à rien de venir à La Rochelle." L'exemple de cette dame illustre à merveille la grogne voire le ras-le-bol d'une grande partie des usagers de cette ligne de train entre Bordeaux et Nantes, datant du XIXe siècle.


Nous sommes donc montés à bord afin d'aller à la rencontre des voyageurs, entre les gares de La Rochelle et de La Roche-sur-Yon. 13 h 17. Ce bon vieux train Corail, rebaptisé Intercités en 2006, démarre et notre arrivée est prévue à 14 h 21. Une dizaine de voyageurs vient de prendre place dans les voitures.
" Des voies en très mauvais état"
Jacques Ottaviani ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque la ligne de train entre Bordeaux et Nantes. Président de l’Association pour la promotion de cette ligne ferroviaire (APNB), créée en 2010, il suit de très près les dossiers. "Ces deux voies sont en très mauvais état, souligne-t-il. Pour renouveler les 102 km de ligne entre La Rochelle et La Roche-sur-Yon (Vendée), par exemple, il faudrait débourser 175 millions d’euros." L’homme évoque également la signalisation que l’on peut qualifier d’archaïque. « Elle date du début du XXe siècle et a été légèrement modifiée dans les années 60… »
Actuellement, trois trains Intercités (+ un 4e le vendredi et le dimanche soir) ainsi qu’un train express régional (TER) font le trajet entre les capitales girondine et atlantique. "Ce n’est pas assez, poursuit M. Ottaviani. Il faudrait six trains par jour. Mais surtout, un qui parte tôt le matin. Le premier train au départ de Bordeaux est à 11 heures, ce qui signifie qu’on arrive à Nantes vers 15 heures…" Le train, à certains moments, est obligé de ralentir à 40 km / h, par souci de sécurité. "La raison ? Pour éviter le déraillement, il y a vraiment urgence."
Le 15 novembre dernier, le comité de pilotage (Copil) s’est réuni. Parmi les décisions prises, l’abandon pur et simple des projets de mise en voie unique a été voté à l’unanimité par les collectivités partenaires présentes.
Il faut tout de même noter, qu’en début d’année puis en octobre dernier, la ligne entre La Rochelle et La Roche-sur-Yon a été fermée afin de procéder au renouvellement de près de 7 000 traverses. Les usagers étaient alors pris en charge par des bus.
Pierre, expert immobilier, rentre à Nantes. Ce trentenaire, lunettes sur le bout du nez, est venu à La Rochelle pour un rendez-vous professionnel. "Franchement, je n'ai pas de critique particulière à faire, confie-t-il. J'ai passé un agréable voyage à l'aller et je suis arrivé à l'heure à mon rendez-vous." Il existe donc aussi des passagers satisfaits. Mais notre expert immobilier se définit toutefois comme "un passager occasionnel".
13 h 53. En gare de Luçon, Yves, 70 ans, grimpe à bord. Ce retraité prend la direction de la Bretagne ; son terminus, Vannes. Lorsqu'on lui demande les avantages et les inconvénients de cette ligne, l'homme n'hésite pas longuement : "Je prends une dizaine de fois par an ce train et il est vrai que les retards sont fréquents, relate-t-il. Mon problème se situe au niveau des correspondances vers Vannes, une fois arrivé à Nantes."
Les paysages du plat pays vendéen continuent de défiler. Dans les wagons, rien d'anormal : ça dort, ça lit, ça bosse. Parmi ces travailleurs, nous rencontrons Stéphanie, une passagère des plus régulières sur cette ligne. En, effet, cette Bordelaise de 39 ans, commerciale à Nantes, prend six à huit fois par mois ce train et ce, depuis quatre ans.
« J'ai récemment reçu un courrier de la SNCF m'attestant que plus de 90 % des trains sur cette ligne arrivaient à l'heure. Eh bien, ce n'est pas le mien, sourit la jeune femme. » Elle ne compte plus les galères sur ces rails. « Fréquemment, il y a des retards de quinze à vingt minutes, relève-t-elle. Je n'ai pas d'autres choix : faire la route en voiture est coûteux et trop long, l'avion est cher et les aéroports éloignés. Mais le train aussi est très cher ! Je travaille donc dans le train car le lundi, j'arrive à 16 heures à mon bureau… Heureusement que les sièges sont confortables. »
Effectivement, le premier train au départ de Bordeaux, en direction de Nantes, est à 11 heures. « Un train à 7 h 30 serait tellement plus pratique ! » Et Stéphanie ne doit pas être la seule dans ce cas. Nous arrivons comme prévu à 14 h 21. Coût du voyage : 17,30 € pour parcourir 103 kilomètres.
87 kilomètres séparent les deux préfectures. Au total, nous mettons plus d'une heure et demie, en ayant dépensé 10 euros d'essence. Cette route n'apporte pas grand intérêt au conducteur désireux de s'en mettre plein les mirettes et surtout de gagner du temps.
Finalement, malgré ce facteur X qui plane au-dessus des têtes des voyageurs montant dans le Bordeaux-Nantes, le train reste quand même un moyen de locomotion pratique et agréable. Non ?
Conseil général : des discussions sont en cours

Actuellement, un contrat de projets État-Région pour la période 2014-2020 est en cours de discussion, et le réseau ferroviaire est concerné. "Notre position est la même que la CdA de La Rochelle concernant cette ligne. De l’argent va être investi, annonce Dominique Bussereau, président du Conseil général de la Charente-Maritime. Tout d’abord, il va servir à financer des études pour évaluer ce qu’il est possible de faire. Créée au XIXe siècle, cette ligne comporte beaucoup de virages. Il faudrait d’abord effectuer des changements de ballasts et moderniser la signalisation." Le président du Département évoque également la possibilité de redessiner le tracé afin qu’il soit plus rectiligne… Mais ce n’est pas pour tout de suite. À suivre…

comment SNCF/RFF en est arrivé là ?