30.05.2016Brest. Procès de la SNCF : le spectre de Brétigny
A Brest, la SNCF jugée pour un drame à un PN
Compilation des messages
PN de la Roche Maurice
Quel rapport entre la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (7 morts, 32 blessés en 2013) et l'accident mortel survenu à La Roche-Maurice, dans le Finistère, en 2006 ? Les mêmes « tentatives d'influence » et le manque de coopération de la SNCF dans l'enquête la mettant en cause. À Brest, son procès pour homicide involontaire s'ouvre aujourd'hui.
21 novembre 2006. 16 h 49. C'est la dernière fois qu'Alla Caroff est aperçue vivante. En chemin pour la gare de Landerneau (29) où elle vient chercher sa fille, elle s'est arrêtée régler une facture à la pharmacie d'une commune voisine, à La Roche-Maurice. Cinq minutes plus tard, sa Peugeot 406 se présente sur le passage à niveau du bourg. Le choc est effroyable. Lancé à 118 km/h, le TER Rennes-Brest et ses 29 passagers viennent de pulvériser la voiture et son occupante. Que s'est-il passé ? Erreur ou faute de conduite de la victime, comme cela se produit « dans plus de 98 % » des accidents sur des passages à niveau ? Panne auto ? Dans ce dossier, l'enquête a conclu à « un raté de fermeture ». Le cauchemar de tout automobiliste : les barrières et les alarmes sonore et lumineuse ne se sont pas déclenchées à l'approche du train.À lire sur le sujet
Sécurité. La SNCF à nouveau mise en cause
Les « réticences » de la SNCF
L'instruction a également mis en lumière de nombreux éléments permettant de douter de la réelle volonté de la SNCF de faire la lumière sur les causes de l'accident. Comme dans le dossier de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, où des écoutes judiciaires ont révélé que la SNCF avait briefé et influencé des témoins avant leur audition. « Il y a les ingrédients du mensonge dans les deux dossiers », estime Gérard Chemla, avocat dont le cabinet est partie civile, dans les deux dossiers, pour la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac). Dans le dossier brestois, pas d'écoute téléphonique. Mais, fait suffisamment rare pour être souligné, un juge d'instruction qui consigne « le manque de coopération global et constant de la SNCF », son « absence totale de communication et d'initiative », et même ses « réticences » à fournir les documents demandés par les enquêteurs. L'instruction révèle également que des témoins directs ont « subi, si ce n'est des pressions, à tout le moins des tentatives d'influence de la part de la SNCF ».
Incidents d'enquête
Deux agents SNCF, en poste à l'époque des faits, ont également fait part, au Télégramme, des « pressions » exercées, selon eux, par leur direction, avant et après leur audition par les enquêteurs. « J'ai été convoqué à une réunion où ma direction reprenait le déroulé de l'accident et expliquait que la victime avait contourné les barrières. Techniquement, c'était impossible », indique le premier témoin. « Moi, j'ai été convoqué pour rapporter ce que j'avais déclaré aux gendarmes. J'ai refusé malgré l'insistance de ma direction. Après, tout a été fait pour que ceux qui avaient osé dire la vérité pètent les plombs », assure le second, évoquant « un véritable harcèlement ». Plusieurs incidents troublants, mais sans conséquence pour l'enquête semble-t-il, ont, par ailleurs, émaillé l'instruction : scellés judiciaires brisés sur la motrice du TER accidenté, interventions d'agents SNCF sur la scène de l'accident avant l'arrivée des gendarmes, puis à nouveau le lendemain (confrontation houleuse avec les enquêteurs priés de « dégager »). « Il n'y a pas eu de volonté de cacher quoi que ce soit, estime une source proche de l'enquête. La priorité de la SNCF était de rétablir rapidement la circulation. Il fallait que ça roule ».
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SNCF. La carte interactive des incidents aux passages à niveau
Les erreurs et l'oubli du premier expert
Il y a, enfin, le cas du premier expert, qui exclut tout dysfonctionnement du passage à niveau et démonte, notamment, un témoignage défavorable à la SNCF. Problème : les photos qu'il produit à l'appui concernent... un autre passage à niveau. Plusieurs autres erreurs (mauvaise voie mentionnée, etc.) seront par ailleurs relevées. Surtout, l'expert a omis d'indiquer au magistrat instructeur un fâcheux conflit d'intérêts : il a délégué une partie de son expertise à des agents... de la SNCF. Sa première conclusion à « un arrêt volontaire » du véhicule de la victime sur la voie (un suicide, donc), similaire à celle avancée par la SNCF, est ressentie par la famille comme « une insulte ». « Ma mère était quelqu'un de joyeux, s'indignait, en mai 2009, dans nos colonnes, sa fille Alona. Elle s'était mariée deux ans auparavant. Elle était heureuse. Elle voulait avoir un enfant ». Alla Caroff est décédée le jour de son 42e anniversaire. La petite famille devait fêter l'événement le soir même.
en complément
Accablantes et inquiétantes conclusions
Les experts appellent cela un « déshuntage ». Lorsqu' à un point stratégique d'une voie ferrée (un passage à niveau par exemple), à l'approche du train, celui-ci ne provoque pas le court-circuit activant la signalisation ferroviaire : barrières et signaux d'alerte pour les automobilistes, et feux rouges pour les autres trains. Ce problème de train, qui devient en quelque sorte « invisible », est rarissime, mais « bien connu des spécialistes ferroviaires », selon le dossier d'instruction brestois. En avril 2005, la direction nationale avait même alerté ses directions régionales du danger, et leur avait recommandé de mettre en place des mesures supplémentaires de sécurité. En Bretagne, rien n'a été fait. « Aucun incident inexpliqué de ce type n'y avait été signalé, au contraire de certaines autres régions (Auvergne, Centre notamment, NDLR) », justifiera la direction régionale.
Alertes et incidents ignorés
L'instruction révèlera que sept déshuntages ont pourtant été signalés en interne, en Bretagne, entre 2004 et novembre 2006. Étonnamment, pas un seul ne sera officiellement consigné, constate l'instruction, qui s'interroge « sur la fiabilité de la liste officielle des incidents » et sur l'attitude de la direction régionale, dont la préoccupation semblait être de « ne pas nuire au bon classement de la région en matière de sécurité ». En 2014, les conclusions de l'instruction tombent : « Négligences, imprudences et manquements ». « La direction régionale de la SNCF n'a pas pris en compte, à leur juste mesure, les éléments multiples, circonstanciés et convergents (NDLR : incidents et alertes rapportés par les usagers et les propres agents de la SNCF ; lire ci-contre) portés à sa connaissance, et a omis de faire appliquer les mesures de sécurité qui s'imposaient ». « Pour la famille, ces dix ans ont été un insoutenable chemin de croix judiciaire », dénonce Ronan Appéré, l'avocat de la famille de la victime, qui pointe « l'attitude détestable de la SCNF, qui tente de masquer son laxisme total et ses manques de moyens derrière une prétendue faute de la victime, malgré les éléments accablants révélés par l'instruction ». Interrogé pour réagir à ces mises en cause, l'avocat de la SNCF, Me Michel Bertin, n'a pas donné suite à nos sollicitations. Le procès, qui s'ouvre aujourd'hui, devrait se poursuivre jusqu'à vendredi
Repères
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- Message n°2
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Ainsi pourrez vous mieux appréhender ce PN.
Bruno Corpet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gare_de_La_Roche-Maurice
A Brest, la SNCF jugée pour un drame à un passage à niveau
Brest - Modifié le 31/05/2016 à 12:20 | Publié le 31/05/2016 à 12:04
Delphine VAN HAUWAERT
de mat !
BIGOUDEN29
Le choc a été violent. L'automobiliste percuté par un TER est décédé sur le coup.
Vincent MOUCHEL
En 2006, une automobiliste de 42 ans était mortellement percutée par un TER près de Landerneau. Depuis lundi et jusqu'à jeudi, l'entreprise de transport est jugée à Brest.
« Quand j'ai vu les barrières levées et le train arriver, j'ai prié pour qu'aucun automobiliste ne passe. » La scène remonte à près de dix ans, mais ce jeune homme, âgé à l'époque de 15 ans, semble en avoir un souvenir très clair.
Ce que l'adolescent redoute se produit quelques secondes plus tard, le 21 novembre 2006. La Peugeot 406 conduite par Alla Caroff, 42 ans, est happée par un TER reliant Morlaix à Brest, alors qu'elle est engagée sur le passage à niveau 291, à la Roche- Maurice (Finistère). La puissance du choc, à 119 km/h, ne laisse aucune chance à l'automobiliste, qui décède sur le coup.
Une défaillance technique ? Depuis ce lundi, la SNCF comparait à Brest pour homicide involontaire. La thèse de l'accusation et de la famille de la victime est claire : il y aurait eu une défaillance du passage à niveau. Les barrières ne se seraient pas abaissées à l'approche du train. Ce que dément l'entreprise, qui imagine un problème lié à l'automobiliste : suicide, calage ou contournement de la barrière.
Parmi la vingtaine de témoins à se succéder, hier, plusieurs salariés assurent qu'après vérification, le système fonctionnait parfaitement. Pourtant, d'autres personnes présentes ce jour-là racontent avoir vu, après l'accident, les barrières levées, ou en train de descendre. Le jeune homme qui a assisté à la collision déclare qu'il n'y a pas non plus eu de signal sonore.
« Manque de coopération » de la part de la SNCF Des témoignages font aussi état d'autres incidents, avant et après le drame. Ici, des barrières qui descendent sans signal sonore, ou simultanément, manquant d'emprisonner l'automobiliste sur les voies. Là, les mêmes barrières qui s'abaissent très peu de temps avant l'arrivée du train. « Ces signalements, effectués après l'accident, n'ont pas été vraiment pris en compte par les agents », remarque le président Jublin.
Dans ce dossier, l'attitude de l'entreprise de transport semble poser problème. « Les enquêteurs font part d'un manque global de coopération », souligne encore le juge. Il est aussi question de témoins convoqués par la SNCF indépendamment de l'enquête.
Plaidoiries mercredi et jeudiLe comportement de techniciens, le soir des faits, est également pointé du doigt. Tout de suite après l'accident, les agents étaient déjà occupés à faire des réparations. Posant un problème « de préservation des preuves », comme le dénonce Me Appéré, avocat de la partie civile.
« On est une entreprise de service public, réagit Nathalie Juston, directrice Bretagne de la SNCF. Pour les agents, la priorité, après la sécurité, c'est la remise en service du réseau. »
Les experts techniques se succéderont ce mardi. Avant les plaidoiries, mercredi et jeudi.
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