Macron-Le Pen : le choc des projets même dans le transport
25 avril 2017 | par Marc Fressoz
Avec le duel entre Emmanuel Macron (En Marche !) et Marine Le Pen (Rassemblement bleu Marine), deux visions totalement antagonistes des transports, des infrastructures et de l’organisation de la mobilité s’opposent au second tour de la présidentielle.
E. Macron / Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons - M. Le Pen/CC BY-SA 3.0
Les deux candidats ont eu l'occasion de détailler leurs différences durant la campagne, notamment dans leur réponse au questionnaire transports du think tank TDIE.
Concurrence dans le rail
Pro-européen, le candidat d’En Marche ! propose en matière d'application du quatrième paquet ferroviaire de se passer de l’expérimentation pour l'ouverture à la concurrence de certaines lignes de TER par des Régions candidates. Emmanuel Macron préconise d'adopter directement une loi d’ouverture permettant à toutes les Régions d'utiliser ou non ce cadre. De quoi remettre en cause le consensus auquel sont parvenus l'exécutif sortant et Régions de France.
A l'inverse anti-européenne, la candidate du Rassemblement bleu Marine rejette toute perspective de libéralisation imposée par Bruxelles. Elle n'envisage donc pas d'ouverture du TER à la concurrence.
Elle dénonce également les autocars Macron, parlant d'échec et de course au profit à court terme.
Gouvernance de la mobilité
Emmanuel Macron s'inscrit dans la continuité des lois votées (NOTRe, Maptam, etc.) durant le quinquennat Hollande qui désignent la Région comme chef de file de la mobilité organisant le TER et les lignes d'autocars conventionnées, et font émerger la Métropole.
Marine Le Pen propose un grand chambardement. Elle supprimerait la Région, l’échelon distingué par l’Europe, pour repartir ses compétences entre le triptyque – État, département, commune. La candidate de l'extrême droite n'en détaille pas les conséquences sur la gestion du TER qui – on l'imagine – serait centralisée au niveau étatique.
Grands travaux
Les deux candidats convergent sur la nécessité de donner la priorité à l'entretien des réseaux ferroviaires et routiers existants.
Pour autant, il ne s'agit pas de stopper tous les grands travaux lancés avec des fonds européens. Emmanuel Macron prône la poursuite du Canal Seine-Nord et du Lyon-Turin. Peut-être parce qu'elle est élue des Hauts-de-France, Marine le Pen défend la réalisation du Seine-Nord, ne "crachant" pas sur le cofinancement européen de 40%. En revanche, si elle était élue, elle arrêterait le Lyon-Turin dont elle estime le coût à 50 milliards d'euros.
Autoroutes et financement des infrastructures
C'est un autre point de divergence. Elue présidente, Marine Le Pen affirme qu'elle renationaliserait les autoroutes sans chiffrer le coût de la mesure, et affecterait les dividendes à l'entretien des routes via l'AFITF. Toutefois, la candidate d'extrême droite laisse planer le doute sur le maintien de l'AFITF. Surprise, elle cite la Cour des comptes hostile à cet instrument.
Pas question d'une nationalisation des autoroutes pour Emmanuel Macron. Au contraire, le candidat d'En Marche !, qui envisage de vendre certaines participations de l'État ou de vendre certaines sociétés publiques, pourrait continuer le mouvement amorcé dans les années 2000. Ce n'est pas écrit dans son programme mais, selon nos informations, les "tunnelières" SFTR (Fréjus) et l'ATMB (Mont-Blanc), les deux seules concessions autoroutières alpines encore publiques pourraient faire l'objet d'une vente, le scénario ayant été évoqué sous ce quinquennat. Plusieurs investisseurs sont sur les rangs.
Financement du transport public
Pour le leader d'EM et pour Marine Le Pen, pas question de toucher au versement transport (VT), une mesure qui fonctionne selon les deux candidats.
Sur la question du rétablissement de la TVA à 5,5% (au lieu de 10%) pour les transports publics, le secteur ne peut pas fonder grand espoir sur l'arrivée de l'un ou l'autre candidat.
Emmanuel Macron esquive la question et Marine Le Pen affirme être opposée à une baisse du taux au nom de la stabilité fiscale pour les entreprises.
Régimes de retraite spéciaux
Emmanuel Macron promet de mettre fin aux régimes spéciaux comme ceux des cheminots et des agents de la RATP. Mais comme l'a précisé son allié François Bayrou au lendemain du premier tour, ce chantier de taille s'étalerait sur dix ans.
Marine Le Pen promet aussi de s'attaquer aux régimes spéciaux tout en considérant que certains se justifient malgré tout.
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