CFCB. Il faut une prise de conscience des élus
Publié le 29 août 2018 à 13h34 Modifié le 29 août 2018 à 17h51
Julien Vaillant
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Yvon Rocon, à gauche, avec des membres de l’association des Chemins de fer du Centre-Bretagne (CFCB) sur le terrain dont ils disposent actuellement à Loudéac, rue Pierre-Loti. (Julien Vaillant)
Pourquoi les trains touristiques de l’association ne peuvent-ils plus circuler entre Saint-Brieuc et Loudéac ?
Yvon Roccon : « Le 18 janvier 2017, lors d’une opération de maintenance des rails, un chariot de la SNCF (qui enregistrait le dénivelé et l’écartement entre les voies) a déraillé sans que les agents s’en rendent compte. Il a roulé sur 40 km, entre Saint-Brieuc et La Motte, endommageant et mettant hors service les boîtiers électriques de 22 passages à niveau. La SNCF nous a ensuite dit que cela coûterait 30 000 € de réparer. Mais ce n’est pas nous qui avons tout cassés ».
Avant cet accident, vous étiez les uniques utilisateurs de cette ligne de chemin de fer ?
« Oui. Les trains pour voyageurs entre Saint-Brieuc et Loudéac ont cessé de circuler en 2006 et les trains de marchandises en 2012. De notre côté, depuis 2005, nous utilisions cette ligne une quinzaine de fois par an, avec des trains touristiques, au moment de Noël, l’été avec l’office de tourisme, pour la journée du patrimoine et même pour emmener des gens à la messe pour un pardon. Seulement, depuis le 18 janvier 2017, tout ceci est fini ».
Existe-t-il un espoir pour les cinquante bénévoles de l’association de circuler à nouveau avec vos trains sur cette ligne ?
« À l’initiative du département - qui considère que cette ligne peut être stratégique pour le futur - un audit est mené cette semaine. Le cabinet d’expertise en charge de cette étude devrait rendre son travail entre la mi-septembre et le début du mois d’octobre, afin de déterminer le montant des travaux nécessaires. Car depuis un an et demi, la nature a repris sa place et les arbres poussent et les racines vont partout. Les traverses souffrent. Pourtant, un passage par semaine avec notre locomotive suffirait à entretenir la voie. En plus, nous venons d’acquérir un rotobroyeur. Mais faut-il encore que nous puissions y aller ! »
À lire sur le sujetDeux élus montent au créneau
Quelle est la position de la SNCF ?
« Notre interlocuteur, c’est SNCF Réseaux (l’une des branches de la SNCF, propriétaire et principal gestionnaire du réseau ferré national français, NDLR). Pour eux, c’est classé. Ils veulent se débarrasser le plus vite possible de toutes les petites lignes. Et ils ne veulent surtout pas mettre quelqu’un d’autre à leur place. Il faut savoir que la SNCF, via sa filiale Géodis, est aujourd’hui le premier transporteur routier de France ».
« Le département a besoin de connaître le coût de maintenance et le montant des travaux. Nous savons d’ores et déjà qu’il y a 3 km de voies pourries sur les 49 km que compte la ligne. Après, cela ne sert à rien de dépenser 15 M€ pour des trains touristiques. Ça, nous ne l’accepterons pas. Il ne faut pas gaspiller l’argent public. Nous ne sommes pas coûte que coûte pour la réouverture. Mais s’il faut entretenir et utiliser la ligne pendant dix ans dans le cadre d’un projet global, avec une stratégie à long terme, nous sommes bien évidemment prêts ».
Mais quelle pourrait être l’avenir de cette ligne ?
« C’est le transport de marchandises. Cette ligne est ouverte à tous les transporteurs européens. Et je rappelle qu’une tonne de marchandises transportée sur des rails coûte trente fois moins d’énergie que sur la route. Le jour où nous ne pourrons plus utiliser les énergies fossiles ou quand elles seront trop chères, comment ferons-nous ? Le fret ferroviaire - qui ne pèse aujourd’hui que 0,7 % du transport de marchandises en France - n’est pas mort. Cette ligne Saint-Brieuc - Loudéac - Pontivy - Auray a une valeur stratégique très importante. Songez que le seuil de rentabilité de l’exploitation d’une ligne de train de fret, c’est 27 camions par jour. C’est très peu. C’est pour cela qu’il faut une prise de conscience de la part de nos élus. Cette ligne doit être maintenue dans l’état pour que, le jour où nous en aurons besoin, il nous suffise d’un ou deux mois pour la remettre en service. Et non pas de deux ans ».
Un mot sur l’avenir de l’association à Loudéac, alors que la municipalité envisage le réaménagement du quartier de la gare…
« Nous pensons que ce n’est pas forcément une priorité de mettre trois immeubles ou une voie verte à cet endroit. Du terrain disponible à Loudéac, il y en a. Il faut que les élus comprennent que d’ici vingt ans, nous aurons besoin des infrastructures en place. Maintenant, si la remise en service de la ligne n’intéresse personne, ou si elle coûte trop cher, nous irons ailleurs ».
À savoir
L’association des Chemins de fer du Centre-Bretagne (CFCB) ouvrira ses portes le samedi 15 septembre, dans son dépôt atelier de la rue Pierre-Loti, à Loudéac.
À cette occasion les 50 bénévoles de l’association montreront aux visiteurs les trois autorails du CFCB, la locomotive ou encore l’engin de travaux publics. Renseignements par mail - trains@cfcb-asso.org - ou par téléphone au 06 77 09 38 86.
Publié le 29 août 2018 à 13h34 Modifié le 29 août 2018 à 17h51
Julien Vaillant
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Yvon Rocon, à gauche, avec des membres de l’association des Chemins de fer du Centre-Bretagne (CFCB) sur le terrain dont ils disposent actuellement à Loudéac, rue Pierre-Loti. (Julien Vaillant)
À l’initiative du conseil départemental, un audit est actuellement mené pour connaître le montant des travaux nécessaires pour utiliser de nouveau la ligne de chemin fer entre Saint-Brieuc et Loudéac. Adhérent très actif de l’association des Chemins de fer du Centre-Bretagne, Yvon Roccon fait le point.
Pourquoi les trains touristiques de l’association ne peuvent-ils plus circuler entre Saint-Brieuc et Loudéac ?
Yvon Roccon : « Le 18 janvier 2017, lors d’une opération de maintenance des rails, un chariot de la SNCF (qui enregistrait le dénivelé et l’écartement entre les voies) a déraillé sans que les agents s’en rendent compte. Il a roulé sur 40 km, entre Saint-Brieuc et La Motte, endommageant et mettant hors service les boîtiers électriques de 22 passages à niveau. La SNCF nous a ensuite dit que cela coûterait 30 000 € de réparer. Mais ce n’est pas nous qui avons tout cassés ».
Avant cet accident, vous étiez les uniques utilisateurs de cette ligne de chemin de fer ?
« Oui. Les trains pour voyageurs entre Saint-Brieuc et Loudéac ont cessé de circuler en 2006 et les trains de marchandises en 2012. De notre côté, depuis 2005, nous utilisions cette ligne une quinzaine de fois par an, avec des trains touristiques, au moment de Noël, l’été avec l’office de tourisme, pour la journée du patrimoine et même pour emmener des gens à la messe pour un pardon. Seulement, depuis le 18 janvier 2017, tout ceci est fini ».
Existe-t-il un espoir pour les cinquante bénévoles de l’association de circuler à nouveau avec vos trains sur cette ligne ?
« À l’initiative du département - qui considère que cette ligne peut être stratégique pour le futur - un audit est mené cette semaine. Le cabinet d’expertise en charge de cette étude devrait rendre son travail entre la mi-septembre et le début du mois d’octobre, afin de déterminer le montant des travaux nécessaires. Car depuis un an et demi, la nature a repris sa place et les arbres poussent et les racines vont partout. Les traverses souffrent. Pourtant, un passage par semaine avec notre locomotive suffirait à entretenir la voie. En plus, nous venons d’acquérir un rotobroyeur. Mais faut-il encore que nous puissions y aller ! »
À lire sur le sujetDeux élus montent au créneau
Quelle est la position de la SNCF ?
« Notre interlocuteur, c’est SNCF Réseaux (l’une des branches de la SNCF, propriétaire et principal gestionnaire du réseau ferré national français, NDLR). Pour eux, c’est classé. Ils veulent se débarrasser le plus vite possible de toutes les petites lignes. Et ils ne veulent surtout pas mettre quelqu’un d’autre à leur place. Il faut savoir que la SNCF, via sa filiale Géodis, est aujourd’hui le premier transporteur routier de France ».
Dans quelles conditions la ligne pourrait-elle être de nouveau utilisée ?
« Le département a besoin de connaître le coût de maintenance et le montant des travaux. Nous savons d’ores et déjà qu’il y a 3 km de voies pourries sur les 49 km que compte la ligne. Après, cela ne sert à rien de dépenser 15 M€ pour des trains touristiques. Ça, nous ne l’accepterons pas. Il ne faut pas gaspiller l’argent public. Nous ne sommes pas coûte que coûte pour la réouverture. Mais s’il faut entretenir et utiliser la ligne pendant dix ans dans le cadre d’un projet global, avec une stratégie à long terme, nous sommes bien évidemment prêts ».
Mais quelle pourrait être l’avenir de cette ligne ?
« C’est le transport de marchandises. Cette ligne est ouverte à tous les transporteurs européens. Et je rappelle qu’une tonne de marchandises transportée sur des rails coûte trente fois moins d’énergie que sur la route. Le jour où nous ne pourrons plus utiliser les énergies fossiles ou quand elles seront trop chères, comment ferons-nous ? Le fret ferroviaire - qui ne pèse aujourd’hui que 0,7 % du transport de marchandises en France - n’est pas mort. Cette ligne Saint-Brieuc - Loudéac - Pontivy - Auray a une valeur stratégique très importante. Songez que le seuil de rentabilité de l’exploitation d’une ligne de train de fret, c’est 27 camions par jour. C’est très peu. C’est pour cela qu’il faut une prise de conscience de la part de nos élus. Cette ligne doit être maintenue dans l’état pour que, le jour où nous en aurons besoin, il nous suffise d’un ou deux mois pour la remettre en service. Et non pas de deux ans ».
Un mot sur l’avenir de l’association à Loudéac, alors que la municipalité envisage le réaménagement du quartier de la gare…
« Nous pensons que ce n’est pas forcément une priorité de mettre trois immeubles ou une voie verte à cet endroit. Du terrain disponible à Loudéac, il y en a. Il faut que les élus comprennent que d’ici vingt ans, nous aurons besoin des infrastructures en place. Maintenant, si la remise en service de la ligne n’intéresse personne, ou si elle coûte trop cher, nous irons ailleurs ».
À savoir
L’association des Chemins de fer du Centre-Bretagne (CFCB) ouvrira ses portes le samedi 15 septembre, dans son dépôt atelier de la rue Pierre-Loti, à Loudéac.
À cette occasion les 50 bénévoles de l’association montreront aux visiteurs les trois autorails du CFCB, la locomotive ou encore l’engin de travaux publics. Renseignements par mail - trains@cfcb-asso.org - ou par téléphone au 06 77 09 38 86.
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